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Un camp d'éclaireuse

Un camp d'éclaireuses, 

F. JOUBREL.
Le Chasseur Français N°635 Janvier 1950 Page 31

 


Un soir de juillet dernier, vingt-cinq éclaireuses de treize à dix-sept ans, encadrées par deux cheftaines et une « ancienne » venue diriger l'économat du camp, s'embarquèrent dans le train, à vieux wagons de bois, qui emmenait des centaines d'enfants vers la Savoie.

Le lieu du camp, choisi et visité très à l'avance, se situait à trois kilomètres du lac du Bourget, au pied du mont Revard. Les tentes furent plantées dans un champ. La propriétaire prêta deux pièces de sa maison : l'une pour l'infirmerie, l'autre pour l'économat. La cuisine s'installa dans le jardin, et les toiles de jute des cabinets de toilette furent montées le long d'un petit torrent, derrière le champ.

 

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Dès la première journée, le groupe comprenant quelques aînées déjà entraînées, le camp était entièrement monté. Le seul travail un peu pénible fut le montage du mât à drapeau, haut de 5 mètres. Certes, le domaine n'avait pas la grande allure de certains camps de garçons, qui, maniant avec facilité la hache, dressent des portes et des enceintes, mais il témoignait du même souci de confort et d'harmonie. Utilisant couteaux, ficelle, bambou, osier, les éclaireuses avaient fabriqué un tableau d'affichage, où les divers avis s'inscrivaient dans des cadres enjolivés à la peinture ; dans les tentes, elles avaient aménagé des porte manteaux et des porte-chaussures, même d'élégants supports pour les livres ; aux repas, elles présentaient le pain sur une jolie claie tressée.

Centré sur la connaissance de la Savoie, le programme se partageait entre les promenades, les bains, les activités d'habileté manuelle et de sens artistique. Il faisait place aussi au développement des qualités féminines : propreté, élégance de la tenue, ordre, et ... bonne accommodation de la cuisine. Grâce à l'obligeance de l'hôtesse, qui mit son four électrique à la disposition des éclaireuses, il y eut même une grande journée de pâtisserie !

 

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Une des préoccupations éducatives constante des cheftaines fut de combattre l'excès d'individualisme, souvent encouragé à la maison par une vie aisée, de leurs éclaireuses. Aussi donnèrent-elles une grande importance à la vie d'équipe : une pour toutes, toutes pour une. Rendue pénible par la chaleur et l'impossibilité de trouver de l'eau, une excursion en montagne apprit à chaque fille à taire sa soif ou sa fatigue pour le bon moral du groupe. Les aînées soulagèrent les petites de leurs sacs. Par contre celles-ci, à l'étape, voulurent aider à chercher l'eau et à installer l'abri pour la nuit, avant de se reposer. Malgré des ampoules, des maux de jambes, elles ne voulurent pas terminer cette journée en laissant apparaître leur lassitude. N'avaient-elles pas connu la joie de la gorgée d'eau offerte par une vieille gardeuse de chèvres, sur les deux bidons montés tous les deux jours seulement par un berger, l'émerveillement de contempler un lac à 1.500 mètres d'attitude et de le voir s'estomper peu à peu dans la brume bleue, au milieu des petites lumières s'allumant une à une ? Aussi ce furent des chants gais, avant quelques pages du Petit Prince de Saint-Exupéry, qui terminèrent cette journée d'effort, le meilleur souvenir de ce camp savoyard.

 

 

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F. JOUBREL. 
Le Chasseur Français N°635 Janvier 1950 Page 31

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