Créer un site internet

Lettres

 

 

Dernier Message de Baden-Powell aux Scouts


Si par hasard vous avez assisté à la représentation de Peter Pan, vous vous souviendrez que le chef des pirates était toujours en train de préparer son dernier discours, car il craignait fort que l'heure de sa mort venue, il n'eût plus le temps de le prononcer. C'est à peu près la situation dans laquelle je me trouve, et bien que je ne sois pas sur le point de mourir, je sais que cela m'arrivera un de ces prochains jours et je desire vous envoyer un mot d'adieu.

Rappelez-vous que c'est le dernier message que vous recevrez de moi; aussi méditez-le.

J'ai eu une vie très heureuse et je voudrais qu'on puisse en dire autant de chacun de vous. Je crois que Dieu nous a placés dans ce monde pour y être heureux et pour y jouir de la vie. Ce n'est ni la richesse, ni le succès, ni la satisfaction égoïste de nos appétits qui créent le bonheur. Vous y arriverez tout d'abord en faisant de vous, dès l'enfance, des êtres sains et forts qui pourront plus tard se rendre utiles et jouir ainsi de la vie lorsqu'ils seront des hommes.

L'étude de la nature vous apprendra que Dieu a créé des choses belles et merveilleuses afin que vous en jouissiez. Contentez vous de de que vous avez et faites-en le meilleur usage possible. Regardez le beau côté des choses plutôt que le côté sombre.

Mais le véritable chemin du bonheur est de donner celui-ci aux autres. Essayez de quitter la terre en la laissant un peu meilleure que vous ne l'avez trouvée et quand l'heure de la mort approchera, vous pourrez mourir heureux en pensant que vous n'avez pas perdu votre temps et que vous avez fait «de votre mieux».

Soyez toujours prêts à vivre heureux et à mourir heureux. Soyez toujours fidèles à votre promesse d'éclaireur même quand vous aurez cessé d'être un enfant - et que Dieu vous aide à y parvenir!


Votre Ami




Message de Baden-Powell pour ses 80 ans:


Mes chers frères scouts, j'ai quatre-vingts ans. Qu'en pensez-vous ?

Moi, je ne veux pas dire que je me sente plus âgé que certains d'entre vous. Dans mon enfance, je pratiquai, déjà, une espèce de scoutisme marin et ce que j'y ai appris m'a été utile dans toute ma vie. 

Je suis devenu officier : comme tel, j'ai fait du scoutisme en temps de guerre et c'était passionnant. Dans l'armée, j'ai appris à servir, c'est-à-dire à faire mon devoir sans poser de questions, à être prêt à affronter le danger et même la mort, s'il le fallait, pour faire ce devoir jusqu'au bout. 

J'ai beaucoup voyagé, ce qui m'a ouvert les yeux sur les pays étrangers, leurs habitants et leurs coutumes. J'ai pratiqué les sports et j'y ai trouvé la santé ; j'ai fait des explorations et j'y ai rencontré maintes aventures. Oui, j'ai pleinement goûté la vie, quoique je n'eusse que l'argent gagné par mon travail. Je me suis bien amusé, mais j'ai assez vite découvert qu'il y avait beaucoup de différence entre le plaisir et le bonheur. On trouve le plaisir en se distrayant, en allant au cinéma, en jouant au football, en faisant un bon dîner. Certes, c'est agréable, mais le plaisir cesse avec le jeu et avec le dîner. Le bonheur, c'est autre chose. C'est la joie qui demeure en nous et qui vient en grande partie non pas tant du fait que nous nous sommes amusés que de ce que nous avons rendu des services pour aider les autres. 

Quatre-vingts ans, cela peut vous paraître long. Mais je ne peux pas me rappeler un moment où je n'aie pas été occupé, et, tant que l'on est actif, on ne peut s'empêcher d'être joyeux. Si jamais vous vous trouvez désœuvré, rappelez-vous qu'il y a toujours des tas de gens qu'il faut aider, des vieillards, des infirmes, des malades, des pauvres qui n'attendent que le secours de votre charité. Quelque pauvre que vous soyez, quelque infime que soit votre situation, vous trouverez toujours des malades, des vieillards, des estropiés. Si vous allez les aider et les encourager, une chose étrange se produira. Vous verrez, qu'en les rendant heureux vous vous rendez vous-même d'autant plus heureux en même temps. 

Voulez-vous mener une vie aussi longue et aussi joyeuse que la mienne : vous le pouvez en respectant les lois de la bonne santé et en vous rendant utile autour de vous. Voici mon secret : Dans tout ce que j'ai fait, j'ai toujours essaye d'être fidèle à la promesse scoute et de suivre la loi scoute. Si vous en faites autant vous réussirez votre vie et vous serez toujours heureux même si vous atteignez les quatre-vingts ans. Je vous demande donc de redire, en même temps que moi, la promesse scoute, non pas comme un perroquet, mais en pensant au sens de chacun des mots que vous allez prononcer. 

Merci ! Je vous souhaite, avec une vie longue et heureuse, toutes les joies de bon camp.


 



×